Question n° 26024 adressée à M. le ministre de l’agriculture et de l’alimentation publiée le 23/12/2021
Monsieur Yves Détraigne souhaite appeler l’attention de M. le ministre de l’agriculture et de l’alimentation sur le risque de disparition prochaine de l’élevage de volailles en plein air. En effet, depuis début novembre 2021, les éleveurs de volailles en plein air sont contraints de confiner leurs animaux en raison de cas avérés d’influenza aviaire sur notre territoire. Pourtant ce type d’exploitations est généralement autonome et présente peu de risques en termes de diffusion du virus au contraire des élevages industriels pour lesquels la concentration et la claustration des animaux, jointes au transport intensif d’animaux vivants et à la segmentation de la filière peuvent être propices au développement et à la propagation des épizooties. Il convient donc de prendre mieux en considération les différentes pratiques d’élevages et que des alternatives puisent être proposées en fonction de celles-ci. Imposer l’abattage ou la claustration sans dérogation possible pour le plein air, risque de mettre en péril ces modes d’élevages pourtant largement soutenus par le grand public. Les petits producteurs plein air travaillent avec éthique et loin des systèmes de production massive, ils n’ont pas à subir les conséquences, notamment morales et économiques, de crises sanitaires dont ils ne sont aucunement responsables. Ils représentent des milliers d’emplois non délocalisables. Sur de nombreux élevages, les volailles sont de race rustique et habituées au plein air. Aussi, une claustration longue est contre-nature, et pourrait conduire à des phénomènes de piquage entre volailles, allant jusqu’au cannibalisme, pouvant décimer en quelques jours tout un élevage. Certains exploitants n’ont pas, en outre, les moyens financiers pour adapter leurs exploitations à cette claustration, pendant plusieurs mois de l’année, qui représente un non-sens vis-à-vis de leur engagement en agriculture biologique, du bien-être animal et de la survie même de leurs exploitations. Les professionnels du secteur de l’élevage de plein air s’inquiètent donc que, sous prétexte de risque d’épizootie et alors que très peu de cas avérés en France depuis cet automne, les mesures de sécurité sanitaire prises conduisent à la disparition rapide des élevages de plein air, labellisés ou bio, au profit des seuls élevages industriels qui sont davantage sensibles à ces épizooties ! Considérant que les petits élevages à taille humaine de volailles en plein air, issues d’exploitations diversifiées, constituent pourtant une des réponses possibles pour le respect du bien-être animal, pour lutter contre l’effondrement de la biodiversité et in fine réduire le risque de contaminations massives, il lui demande de prendre en considération cette alerte lancée par les petits producteurs en faveur du maintien de l’élevage de volailles en plein-air.